Chanson d’automne
Le printemps fût précoce cette année, les blizzards qui avaient neigé tout au long des nuits dans les rues désertes de la ville, et perdirent subitement leurs forces, le soleil hasarda à travers les nuages un sourire timide comme s'il craignait de mettre en colère le frimas chenu, effectivement, l'hivers se fâcha, de nuit il se hérissa sur les toits en baïonnette de glace, craqua rageusement sous les pieds en minces particules balafres étendues sur les flaques, brûla de son souffle glacé la cime fumeuse de la montagne, Puis le soleil senta, les nuages affairés pressant leur allure, et un rayon de chaleur caressa la terre engourdie par le froid, une alouette plana dans le ciel, du côté du ravin, une chanson monta comme un oiseau qui prend son essor.
Une fillette avec une ruche clairsemée sur le front, le manteau déboulonné, s'arrêta, chercha de ses yeux clignés d'alouette, sourit et s'immobilisa le nez en l'air.
Le printemps parvenait jusqu'au ventilateur de la mine d'air saturé d'odeur de la terre qui parut hésiter un instant devant la rotation précipitée des pales, puis il s'engouffra dans la gueule noire et humide du puit se rua dans les galeries et de la galerie, son casque crânement crampé à l'oreille, il semblait sur le point d'attaquer une danse endiablée, frénétique, absurde, mais envahie d'une incompréhensible allégresse, il avait hâte de remonter, de voir le beau soleil.